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Arcimboldo vs Courbet, mais pourquoi pas Otto Dix ?

Vertumnes de Arcimboldo, Le Désespéré de Courbet

Bienheureux les Parisiens, la culture est à portée de leur main.

Bienheureux les Parisiens, ils ont le choix.

Bienheureux les Parisiens, ils peuvent voir des chefs d’œuvre sans parcourir le monde.

Aujourd’hui les deux grandes expositions parisiennes sont Arcimboldo au musée du Sénat et Gustave Courbet au Grand Palais. Ce sont de grands succès si l’on en juge par la fréquentation des salles.

La rétrospective du Sénat est vraiment complète. On voit les grandes influences du maître et ses plus grandes œuvres. Ce qu’il y a d’intéressant c’est aussi de voir la différence de rendu entre les différents supports. En effet, il y a deux œuvres qui sont représentées et sur bois et sur toile. Le sujet est identique mais l’effet n’est pas pareil. Le Feu sur bois est beaucoup plus sombre, plus fort que sur toile. A l’inverse l’Hiver rend mieux (à mon avis) sur toile.

Mais mis à part ces considérations fort subjectives, il n’en reste pas moins qu’Arcimboldo est un génie. Les portraits avec les fruits et les légumes de saisons sont connus à juste titre. On y voit un Rodolphe de Habsbourg, pourtant empereur germanique et l’un des plus puissants souverains d’Europe, représenté avec des légumes et une poire à la place du nez. Les pièces les plus surprenantes de l’exposition sont les tableaux renversables. Que représentent-ils ? Des fruits des légumes ? Un homme casqué ? Les deux à la fois tout dépend du sens choisi.

Seulement le musée du Luxembourg est petit et l’exposition est très courue. Il est difficile d’admirer les œuvres tranquillement. Il faut aussi signaler que les responsables du musée ont mis en place des parcours pour les enfants qui permettent aux plus jeunes de comprendre la manière du peintre avec beaucoup de plaisir. Et visiblement ça marche bien.

Passons la Seine…

L’expo Courbet connaît elle aussi un grand succès. Amis Francs-Comtois cette rétrospective est à la gloire de votre pays ! Alors comment peut-on la résumer ? Elle présente beaucoup d’œuvres de ce peintre réaliste (ce qui est normal pour une rétrospective) mais sans explications. Les commentaires sont puissamment éloquents pour des spécialistes de critique d’art et pour les sémiologues les plus diplômés, mais pour le commun des mortels, ils sont difficiles à suivre. Peut être faut-il acquérir le catalogue avant de visiter l’expo ? C’est surement le pari fait par les organisateurs. Mais dans ces cas là, le prix d’entrée n’est plus le même.

Le parcours de l’exposition est chronologique. De la jeunesse du peintre jusqu’à son enfermement dans la prison Sainte-Pélagie après la Commune de Paris de 1871. On peut admirer les œuvres les plus connues de Courbet comme l’Enterrement à Ornans ou le fameux Bonjour Monsieur Courbet du musée Favre de Montpellier. Le clou de cette exposition est la scandaleuse Origine du Monde. Ce tableau est présenté dans une petite pièce circulaire rouge avec ses deux cache-tableau et surtout avec trois photographies bien cachées des regards enfantins présentant les modèles de Courbet. Tout cela fleurait bon le XIXe siècle. On sentait le bourgeois venu s’encanailler et regarder avec des yeux lubriques ces photographies fanées.

On l’aura compris, je n’ai pas accroché beaucoup à cette exposition Courbet. Si le Sénat avait prévu des parcours pour enfants, le Grand Palais avait lui prévu des parcours pour les amateurs d’art conceptuel qui passent des heures devant les tableaux à se gratter le menton pour déceler les « forces telluriques » présentes dans les œuvres de Courbet. Chacun son style, chacun son public.

Voilà les deux expositions qu’il faut voir en ce moment, je rajouterai aussi (mais sans l’avoir encore vue) celle consacrée à la guerre au musée Maillol.

Arcimboldo, Musée du Sénat, Palais du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard - 75006 Paris - 01 42 34 25 95. Dates: 15 septembre 2007 - 13 janvier 2008.

Gustave Courbet, Galeries Nationales du Grand Palais, 75008 Paris - 01 44 13 17 17. Dates: 13 Octobre 2007 - 28 janvier 2008.

Olivier Andurand, le 25/11/2007.

Défendre les « amateurs » d’opéra contre les « puristes » et leur rigidité.

La Traviata de Giuseppe Verdi

En matière de dictionnaire, le Littré fait référence, or à l’article « amateur », la première définition donnée est « Celui qui a un goût vif pour une chose », ce n’est qu’en quatrième place que l’on trouve le sens péjoratif qu’on lui donne aujourd’hui.

Pourquoi cette précaution sémantique, me direz vous ? La réponse est simple. Aujourd’hui, j’ai assisté à une représentation de La Traviata de Verdi à l’Opéra Garnier. Le décor est somptueux, l’orchestre joue magistralement, les chanteurs sont de qualités, voilà donc de quoi satisfaire un amateur de belle musique. Seul le public n’est pas à la hauteur. Et c’est cette assistance qui pose problème.

L’opéra offre quelques morceaux de bravoure pour les chanteurs et en particulier pour la cantatrice qui tient le rôle de Violetta. Elle doit rester sur scène pendant presque tout l’opéra et faire vibrer les spectateurs durant presque 2h30. L’acte I est difficile du fait des nombreuses vocalises qu’il impose et, à preuve du contraire, les chanteurs sont des êtres humains et sont donc faillibles. Mais le public, lui, est impitoyable.

La jeune cantatrice russe, Nataliya Kovalova, qui remplace Christine Schäfer dans le rôle de Violetta, a fait les frais de la dureté du public parisien. L’acte I scène 8 lui a été fatal. Cet air intitulé Follie !... Sempre libera est un des morceaux de bravoure du rôle. Et la jeune femme a eu un léger flottement sur une de ses vocalises. La salle (même moi je l’avoue et le confesse) a eu un moment de surprise un peu sonore. Mais la première sanction est tombée en même temps que le rideau du premier acte. Les applaudissements ont été maigres.

Par contre, les deux actes suivants ont été à mon avis de belles réussites.  Il y avait du brillant dans l’exécution et beaucoup d’émotion surtout dans le dernier acte. Mais non, les spectateurs déjà dégoutés n’ont pas été touchés par la tristesse de Violetta. Les derniers outrages ont été donnés lors du salut final. Tous les chanteurs ont été fort applaudis, José Van Dam alias Giorgio Germont, a été ovationné (alors même qu’il avait un petit chat dans la gorge et que sa voix n’était pas au mieux) mais la pauvre Nataliya Kovalova a été huée.

Je sais que l’opéra est une affaire de voix mais n’est-ce pas avant tout une émotion qui doit passer ? Qu’il y ait des couacs, cela peut arriver. Les grands artistes ont tous commis des erreurs. Maria Callas n’a pas toujours été au mieux, même la sublime Elisabeth Schwarzkopf a eu des moments de flottement. Est-ce une raison pour huer une artiste qui a commis une erreur ? Il faut vraiment que le public soit blasé pour ne pas savoir apprécier ce qu’on lui offre.

Qu’il y ait eu des représentations de La Traviata meilleures, c’est un fait, et moi-même je ne le nierai pas. Mais pourquoi ne pas vivre ses moments en « amateurs », prendre le bon et laisser le moins bon, apprécier la beauté de la pièce, du texte et passer sur les quelques erreurs ? Ce sont des réactions d’enfants gâtés que celles du public présent aujourd’hui à Garnier, des « amateurs » aurait apprécié les aspects positifs et aurait reconnu les qualités perfectibles des chanteurs, jamais, à mon sens, il n’aurait hué la cantatrice de telle façon. Ce n’était pas à sa gloire et ni à celle des Parisiens.

Il faut savoir laisser parler son cœur et ses émotions plutôt que d’être stupidement puriste et rigide. Nataliya Kovalova n’a failli que quelques secondes, alors qu’elle nous a donné beaucoup de plaisir pendant le reste de l’œuvre. Qu’elle soit remerciée pour cela et qu’elle accepte les maigres excuses d’un spectateur anonyme pour la cruauté de la salle.

Olivier Andurand, le 21/10/2007.

"Que dit le volatile ?" Les présidents de la Ve, Moisan, et les Archives nationales. 15/09/07 - 07/01/08

Que dit le volatile?

Pour beaucoup de lecteurs assidus de la presse, le mercredi est un jour qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte : c’est le jour de la sortie du Canard Enchaîné, journal satirique, dont les textes sont aussi percutants que les dessins. Et c’est le Canard qui est au centre de cette nouvelle exposition du Musée de l’Histoire de France.

Les Archives Nationales et le Musée de l’Histoire de France ont décidé de rendre hommage à l’un des caricaturistes les plus célèbres du journal : Roland Moisan, dit Moisan tout court (1907-1987). C’est seulement à son retour du service militaire, en 1931, qu’il commence son métier de dessinateur mais dans une revue médicale. Quoi de plus sérieux ? En 1934 il rentre au Merle blanc, concurrent du Canard Enchaîné. C’est dans ce premier journal qu’il développe son style pétri de références et de culture classique. Après la guerre il dessine dans différentes revues satiriques et politiques. Il finit par rentrer en 1956 au Canard enchaîné. Avec André Ribaud, il va illustrer la vie politique de la Ve République en faisant du Général de Gaulle un nouveau Louis XIV, de Pompidou un sinistre Louis XI ou de Mitterrand un Napoléon suivant par les Grognards du socialisme Rocard, Mauroy etc…

L'exposition confronte trente-trois dessins originaux de Roland Moisan avec une cinquantaine de documents, tout aussi originaux, des Archives nationales. Le propos est de mettre en regard de chaque dessin un document qui soit contemporain non pas de l'événement caricaturé, mais de celui que Moisan parodie, en piochant dans le riche passé de la France. Les caricatures de Moisan font doublement partie de la discipline historique : s'inspirant d'images colportées par des générations de manuels scolaires, elles servent à leur tour de sources, au même titre que les documents officiels avec lesquels elles sont ici confrontées.

Ne le cachons pas, la confrontation est assez stérile et hormis le plaisir (certes réel) de voir des documents aussi rares qu’un diplôme mérovingien, ou un portrait de Jeanne d’Arc ; ce qui fait le véritable charme de cette exposition, ce sont ces fameux dessins de Moisan. L’histoire de France qui sert à illustrer la vie politique contemporaine, voilà de quoi réjouir un professeur d’histoire et qui montre, mais qui en doutait encore ? que l’histoire sert bien à comprendre le présent. Moisan, dans ses dessins, souligne le caractère courtisan de notre Ve République et c’est très judicieusement qu’il a choisi avec son collègue Ribaud d’adopter le style du duc de Saint-Simon pour évoquer les travers, grands et petits, des présidents des cinquante dernières années. On retrouve le Général de Gaulle en roi Soleil, André Malraux en courtisan-gardien-de-musée, Jacques Chirac en Etienne Marcel bravant fièrement un anachronique Giscard d’Estaing en Louis XV. Tous les grands hommes politiques de la Ve République se retrouvent caricaturés et c’est pour notre plus grand plaisir.

Après avoir vu ces dessins, il faut vraiment lire ou relire les ouvrages du couple Moisan/Ribaud La Cour, Chroniques du Royaume, Paris, Julliard, 1961, 1962, 1967 et gouter le style si génial de ces deux grands satiristes.

De 2,30 à 3 euros, gratuit pour les -18 ans et pour les enseignants - Du lundi au vendredi, de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30, fermé le mardi, samedi et dimanche de 14h à 17h30 - Musée de l'Histoire de France, 60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris - Renseignements : 01.40.27.60.96

Olivier Andurand, le 30/09/2007.

Mgr Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Troyes (1716-1742). Champion du jansénisme?Juillet 2007

Mgr Jacques-Bénigne Bossuet

Neveu du grand Bossuet, l’évêque de Troyes, Mgr Bossuet, a laissé une image très sombre dans l’historiographie traditionnelle. Quel était donc le rôle de Bossuet le neveu dans l’épiscopat du début du XVIIIe siècle et quelle fut action en faveur des prêtres jansénistes dans le diocèse de Troyes ?

Jacques-Bénigne Bossuet est né le 15 décembre 1664. Il est le fils d’Antoine Bossuet, Trésorier général des Etats de Bourgogne puis Intendant de Soisson. Il est le neveu favori du grand Bossuet qui par son influence et sa position auprès de Louis XIV a réussi à la hisser dans le monde des « épiscopables ». Après la mort de son oncle, il tombe dans l’oubli mais grâce au cardinal de Noailles, archevêque de Paris et chef du Conseil de Conscience sous la Régence, il est nommé évêque de Troyes en 1716. Il démissionnera de son évêché en 1742 et mourra en 1743.

L'abbé Bossuet a eu une formation très inspirée par son oncle Il a été rapidement intégré dans les affaires religieuses du temps, tant à Rome qu’à Paris. Autre dimension importante, c’est dans ces premières années, avant l’accession à l’épiscopat que le jeune abbé développe ses liens avec son oncle et, aussi avec le milieu janséniste.

Durant l’épiscopat troyen de Bossuet, le nouvel évêque s’illustre rapidement dans les luttes entre constitutionnaires et opposants à la bulle Unigenitus. Sans pour autant être une des têtes du parti, Mgr Bossuet est une pièce importante de la nébuleuse janséniste. Voix de son oncle, proche de Soanen et de Caylus, l’évêque d’Auxerre, il a fait de son diocèse un refuge pour tous les prêtres ayant refusé d’accepter la Constitution.

Les dernières années de l’épiscopat de Mgr Bossuet sont riches en démêlées. C’est en particulier dans les années 1730 que se déroule la grande affaire de son règne, celle du Missel de Troyes. Cet ouvrage a été l’objet d’un très grand retentissement. Critiqué par les uns, loué par les autres, le missel de Bossuet n’a laissé aucun ecclésiastique indifférent. L’évêque s’est aussi engagé dans la publication des œuvres de son illustre parent. Cela a conduit à des débats qui soulignent l’importance de l’évêque dans le corps épiscopal.

Olivier Andurand, le 12/07/2007.

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