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Redonner à Offenbach la place qu’il mérite

La troupe de "Tout Offenbach (ou presque)" lors de la représentation du 9 février

Qui a dit que la musique classique était ennuyeuse ? Ceux qui le pensent doivent se rendre dans les plus brefs délais au Théâtre de Paris et passer la soirée en compagnie des musiciens-danseurs-chanteurs-comédiens, qui, sous la direction d’Alain Sachs, font revivre l’œuvre de Jacques Offenbach.

Compositeur d’origine allemande, Offenbach naît à Cologne en 1819, sept ans après Verdi et Wagner dont il sera pourtant l’exact contemporain. Violoncelliste de talent, il s’installe à Paris en 1833 et ne quittera plus la capitale; il en devient même une des figures emblématiques et son nom est aujourd’hui indissociable du Second Empire et de ce que l’on nomme souvent la « fête impériale ». Les rythmes endiablés font valser tout Paris et personne ne reste indifférent à ce personnage. Théophile Gautier en fait un jettatore, figure du folklore napolitain qui jette des sorts à qui le contrarie, et Emile Zola lui rend un hommage, pourtant peu flatteur, dans les premières pages de Nana. La scène d'ouverture du livre est le récit de la première d'une opérette intitulée La Blonde Vénus, qui ressemble très fortement à Orphée aux Enfers, et dont il fait une description bien dure : « Ce carnaval des dieux, l'Olympe traîné dans la boue, toute une religion, toute une poésie bafouée, semblèrent un régal exquis. La fièvre de l'irrévérence gagnait le monde lettré des premières représentations; on piétinait sur la légende, on cassait les antiques images. [...] Depuis longtemps, au théâtre, le public ne s'était vautré dans de la bêtise plus irrespectueuse. Cela le reposait. »

L’image était fixée : Offenbach était un compositeur de seconde zone, une sorte de bouffon, dont la musique était juste bonne à divertir le populaire et à animer les lieux interlopes de Paris. Il a fallu attendre la compagnie Renaud-Barrault en 1958 pour que la Vie parisienne soit mise en scène avec des acteurs sérieux et reconnus, Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, Suzy Delair, ce n’est tout de même pas rien ! Maurice Béjart, en 1961, avait accepté de créer un ballet pour les Contes d’Hoffmann et à la fin des années 2000, l’Opéra de Paris programmait l’œuvre dans une nouvelle mise en scène époustouflante de Robert Carsen. Puis c’est à l’Opéra de Lyon que, sous la direction de Marc Minkowski et la mise en scène de Laurent Pely, la renaissance s’est achevée. Laurent Naoury y incarnait un très grand Jupiter et un superbe (et ridicule à la fois) Baron de Gondremark s’amusant visiblement de ces rôles à la fois parlés et chantés. Pour Orphée aux Enfers, la belle Eurydice n’était autre qu’une des plus grandes cantatrices française : Nathalie Dessay. Offenbach sortait enfin du répertoire secondaire pour arriver aux premiers rangs de la production musicale.

Au Théâtre de Paris, nous sommes pourtant loin des ambiances feutrés des grands opéras. Les acteurs font tout sur scène ils chantent, dansent et jouent eux-mêmes des instruments ; ce n’est pas une première pour eux, car jusqu’au mois de juillet 2012, ils ont joué la Vie Parisienne de la même façon. Devant le succès, ils se sont lancés sur les conseils d’Alain Sachs, dans une adaptation de tous les grands airs de l’œuvre pléthorique du maître. De la Périchole à La Belle Hélène en passant par la Fille du Tambour Major ou Orphée aux Enfers (le fameux duo de la mouche !), tout y passe et le public s’amuse tout autant que les acteurs dont la joie de vivre est communicative.

Ruez-vous donc voir Tout Offenbach (ou presque !), applaudissez David Alexis, Adrien Biry, Emmanuelle Bougerol, Stéphane Corbin, Thomas Dalle, Noémie Delavennat, Hervé Devolder, Isabelle Fleur, Anna Jouan, Marie-Charlotte Leclaire, Marion Lépine, Vanessa Moubarak, Clément Pouillot et les remerciez-les tous pour leur talent, et la belle soirée qu’ils vous offrent.

A la sortie de la représentation, Paris semble moins triste en ces jours d’hiver, les mélodies redonnent le moral et donnent envie de faire revivre l’ambiance féérique de ce Paris de la fin du XIXe siècle où les plaisirs étaient nombreux et où l’esprit pétillait comme des bulles de champagne. Reste maintenant à formuler un vœu pour l’avenir de Paris. Que cette ville redevienne ce qu’elle était il y a un peu plus d’un siècle, un centre de la vie la plus enjouée qui faisait dire aux personnages de la Vie Parisienne :

« La vapeur nous amène, / Nous allons envahir/ La cité souveraine,/ Le séjour du plaisir./ On accourt, on s’empresse,/ Pour connaître, ô Paris,/ Pour connaître l’ivresse/ De tes jours, de tes nuits./ Tous les étrangers ravis/ Vers toi s’élancent Paris !/ Nous allons chanter,/ Nous allons crier,/ Nous allons souper,/ Nous allons aimer,/ Oh ! mon Dieu, nous allons tous,/ Nous amuser comme des fous. / […] Tous les étrangers ravis,/ Vers toi s’élancent Paris,/ Paris ! Paris ! »

Tout Offenbach (ou presque !), Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, 75009 Paris, 17 janvier 2013 - 9 mars 2013.

Olivier Andurand, le 16/02/2013.

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